Syna Awel bientôt en concert à Nice et Marseille – Article de Nice Matin

Pour savoir où on va, il faut savoir d’où on vient. Longtemps, Sabrina Aggoun a regardé ailleurs. « Juste » une question de temps, d’expérimentations artistiques diverses et de quinze ans d’introspection sur un divan.

Celle qui a du mal à tenir en place et à ne courir qu’après un seul lièvre a tout rassemblé dans un projet qui semble dépasser le cadre de la musique.

Pièces d’identité

Son pseudo, Syna Awel, offre une piste « Awel, ça veut dire ‘‘la parole’’ en kabyle. Aggoun, mon vrai nom, signifie ‘‘muette’’. La parole, c’est un trésor. Elle permet de dénouer des choses, d’en expliquer beaucoup d’autres, d’établir de belles relations ou de prendre de la distance avec certains épisodes de la vie », nous explique la chanteuse, qui travaille également sur la programmation du Théâtre Lino-Ventura, àNice.

Sur les dix titres d’ »Awel », son premier album, l’artiste ayant grandi du côté de Saint-Etienne chante essentiellement dans la langue de son père, avec quelques touches d’anglais ou de français çà et là. Une reconnexion à ses racines devenue peu à peu une évidence, après des détours par la soul, les effluves reggae de Kingston, des aventures électroniques. De tout ça, il reste quelque chose sur les morceaux. Pas question de faire table rase du passé. Mais plutôt de se recentrer pour mieux cerner son identité, composé de multiples facettes.

Équipe de choc

Le puzzle presque reconstitué, Syna Awel a failli dévier encore un peu, en choisissant d’aller au Sénégal pour enregistrer avec des musiciens locaux.

Le réalisateur David Donatien, crédité de deux Grammy Awards grâce à sa collaboration avec Angélique Kidjo, écoute et trouve que la boussole est encore un peu déréglée. Le batteur Karim Ziad, qui a joué avec Idir, Cheb Mami ou Khaled prend le relais à la direction artistique et embarque Syna vers la Kabylie, pour de bon. Le pianiste David Aubaile, partenaire de Souad Massi ou Sergent Garcia, le bassiste de Gnawa Diffusion, Pierre Bonnet et Rabah Khalfa, percussionniste réputé en Algérie, l’ont accompagnée au 149 Studio, à La Trinité, pour enregistrer la version définitive.

Un single qui perce

« Ce n’était pas prévu, mais ils tourneront aussi avec moi. Pour cet été, ce sera un peu juste pour avoir beaucoup de dates. Mais j’espère bien démarrer à partir de l’automne et enchaîner avec des festivals l’année prochaine », expose Syna Awel.

Ces dernières semaines, l’Azuréenne d’adoption est partagée entre l’excitation de la sortie de son album, les nouveaux réflexes à prendre pour assurer la promotion, en chair et en os ou sur les réseaux sociaux, et l’envie de construire dans la durée.

En attendant une date parisienne où les professionnels pourront découvrir « Awel », le 27 mai au New Morning, la mayonnaise a déjà commencé à prendre. RFI et FIP ont intégré ses chansons dans leur playlist, tandis que « Le Monde » a chroniqué son disque. Et sur YouTube, son premier single, « Mazel Mazel », une expression qui signifie « prends ton temps », a dépassé les 732.000 vues.

Yemma Gouraya, sacrée montagne

Pour le clip de « Yemma Gouraya », Syna Awel a choisi de fouler la terre de ses ancêtres. Yemma Gouraya, c’est le nom d’une montagne à 660mètres d’altitude surplombant Béjaïa. « Elle est en forme de femme allongée. C’est un endroit très spirituel, où les gens viennent allumer des bougies ou faire des vœux. Tu peux aussi y déposer des plats dans lesquels les pauvres pourront se servir ou même y faire la fête. L’échange, le partage, la joie, ça représente la culture africaine, et encore plus celle de Kabylie. »

Syna Awel en concert

> Vendredi 24 mai à l’Espace Grappelli, à Nice. Première partie : Darys. 19 euros en préventes, réduit 14 euros, gratuit pour les moins de 12 ans.
Rens. imagoproduction.com
> Samedi 8 juin au Makeda, à Marseille. En première partie de Samira Brahmia.
15 euros.
Rens. lemakeda.com

Syna Awel portrait de. SamOuakes